L’abbaye cistercienne du Dalon (12 km)
L’abbaye cistercienne du Dalon, située à 12 km de la Maison du Bonheur, est un bel exemple du patrimoine riche du Périgord. Fondée en 1114 le long de la rivière du même nom par le moine ermite Géraud de Salles, son histoire traverse celle de la France et du Périgord.
Le Dalon est un ruisseau français des régions Limousin et Aquitaine, affluent de l’Auvézère et sous-affluent de l’Isle. Il prend sa source en Corrèze vers 240 mètres d’altitude, sur la commune de Segonzac, deux kilomètres au sud-sud-est du bourg, près du lieu-dit la Chabanne. Il pénètre ensuite en Dordogne où sur six kilomètres, son cours sert de limite naturelle aux communes de Teillots et Boisseuilh au sud, d’une part, et Sainte-Trie au nord, de l’autre. Il conflue en rive gauche de l’Auvézère, à moins de 150 mètres d’altitude, sur la commune de Génis, deux kilomètres au sud-ouest du bourg, au lieu-dit les Montagnes, à côté du pont de Guimalet.
Long de 17,5 km, il ne possède aucun affluent référencé. C’est pourtant le long de ce cours d’eau, afin de vivre en parfaite autonomie, isolée de toute civilisation, comme le veut l’ordre de Cîteaux, que fut fondée l’abbaye du Dalon en 1114 par le moine ermite Géraud de Salles (ou de Salis).
Etablie sous la règle de saint Benoît, grâce à une donation de Gérard de Lastours et de son frère (Gouffier de Lastours, dit « Le Grand » ou « Le Vieux », ou encore « Le Chevalier Au Lion) présents le jour de la fondation, avec Eustorge, 48e évêque de Limoges, et divers seigneurs de la région. Le successeur de Géraud de Salles, l’ermite Roger, développa l’abbaye, qui fonda plusieurs prieurés et abbayes (Bonlieu, le Palais Notre-Dame, Prébenoît, Aubignac, Bœuil, Loc-Dieu), et forma ainsi l’Ordre de Dalon.
À la mort de Roger en 1159, les moines de Dalon demandèrent au chapitre général de l’abbaye cistercienne de Pontigny de bien vouloir leur fournir des moines instructeurs, car les deux ordres pratiquaient la même règle de saint Benoît.
En 1162, peu après l’élection du troisième abbé, Amélius, Dalon adhéra finalement à l’ordre de Cîteaux avec ses filles : Bœuil, le Palais, Bonlieu, Loc-Dieu et Prébenoît. Elle devint ainsi la troisième fille de Pontigny en prenant rang à la date de 1120, au lieu d’être la dix-septième, car observant cette règle commune aux deux observances depuis cette époque. Elle bénéficia de la protection d’Henri II Plantagenêt, d’Aliénor d’Aquitaine et de Richard Cœur de Lion.
Dalon possédait une douzaine de granges en Périgord et le petit prieuré de Saint-Blaise sur la paroisse de Milhac-de-Nontron. Les moines tirent leur revenu d’exploitations agricoles, dont plusieurs granges sont situées à Génis, mais aussi de pêcheries, notamment celles de l’étang de Born, et de salines en Saintonge. Au XIIIe siècle, les baux étaient versés en huile de noix, considérée alors comme un bien aussi précieux que l’or (cf article sur la Noix AOC du Périgord)
L’abbaye perd un grand nombre de ses religieux pendant la guerre de Cent Ans, mais elle est remise sur pieds par les abbés de la Fayette aux XVIe et XVIIe siècles. De nouveau déclinante au XVIIIe siècle, elle est vendue comme bien national à la Révolution et sert de carrière de pierres. L’abbaye a accueilli quelques célébrités, notamment le poète troubadour Bernart de Ventadour, venu se retirer au Dalon au XIIe siècle, l’autre célèbre troubadour Bertran de Born, seigneur de la localité voisine d’Hautefort qui se retira comme moine à Dalon.
Autour des vestiges, on peut également découvrir le colombier de l’abbaye du Dalon. Dans les abbayes cisterciennes, les colombiers font leur apparition au XIIIe siècle et occupent généralement une place centrale au sein des bâtiments de la ferme. Le colombier de l’abbaye du Dalon est quant à lui bâti au XVIe siècle selon un plan circulaire, avec des moellons appartenant à l’ancien chœur de l’église, restauré en 1535.
L’entrée réservée aux pigeons est matérialisée par une lucarne de pierre avec fronton et pilastres, ménagée dans la toiture. Aux deux tiers de sa hauteur, l’édifice est ceinturé d’un larmier (partie saillante) afin d’empêcher les prédateurs d’accéder au colombier. À l’intérieur, les nombreux boulins (trous) permettaient d’abriter un millier de pigeons.
Le toit de forme conique est couvert de lauzes (pierres plates utilisées pour les toitures). Ce colombier est désaffecté en 1791.
L’abbaye cistercienne du Dalon, sise sur le territoire de Sainte-Trie, conserve encore les vestiges de son église, malgré son état de ruine avancé. Cette vaste église est érigée dans la première moitié du XIIe siècle. Seules deux ouvertures romanes en plein cintre du mur ouest du transept sont encore visibles pour cette période. Vers la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe siècle, quatre chapelles gothiques voûtées d’ogives sont aménagées contre le mur ouest du transept, pour le déroulement des offices. Ce sont les seuls vestiges conservés de cette église.
Sources
http://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_de_Dalon
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